Un jeune étudiant de Yechiva entra une fois dans le bureau du Rabbi pour une entrevue privée. Comme le voulait la coutume, il tendit au Rabbi la feuille sur laquelle il avait écrit ce qu’il voulait demander au Rabbi, ses questions sur des passages difficiles du Talmud et des discours ‘hassidiques, ses projets pour l’année à venir, ses ambitions quant au travail communautaire qu’il espérait mener à bien… Enfin, il avait ajouté qu’il demandait au Rabbi sa bénédiction pour trouver bientôt la jeune fille avec qui il fonderait un foyer ‘hassidique. 
Le Rabbi regarda la lettre puis signala au jeune homme qu’il avait oublié de la signer de son nom et celui de sa mère, selon la tradition : «Allez demander un stylo à quelqu’un dehors. Puis vous signerez la lettre et reviendrez la rapporter !» conseilla le Rabbi. 
Le jeune homme sortit et s’adressa au premier ‘Hassid qu’il rencontra et qui attendait son tour à l’extérieur afin qu’il lui prête un stylo. Il se dépêcha de signer sa lettre puis rendit le stylo à l’homme tout en le remerciant profusément. Il retourna dans le bureau et tendit la lettre au Rabbi comme convenu. Le Rabbi le bénit et lui souhaita que D.ieu l’aide à trouver bien vite son Chidou’h, la jeune fille qui deviendrait son épouse. 
Les visiteurs se pressaient pour entrer dans le bureau du Rabbi puis arriva le tour du ‘Hassid qui avait prêté son stylo. Il avait plusieurs sujets à discuter avec le Rabbi : ses affaires, sa santé et celle de son épouse, les études de ses enfants et ses activités communautaires… Entre autres, il mentionna devant le Rabbi que sa fille avait atteint l’âge du mariage et il demanda au Rabbi une bénédiction pour trouver le jeune homme qui saurait apprécier toutes ses qualités : «Le jeune étudiant de Yechiva qui m’a emprunté le stylo m’a fait une très bonne impression. Devrais-je peut-être m’intéresser à lui pour ma fille ?» demanda-t-il au Rabbi. 
«Pourquoi pensez-vous que je l’ai envoyé à l’extérieur pour emprunter un stylo ? J’aurais pu lui prêter le mien !» répliqua le Rabbi avec un sourire. 
Quelque temps plus tard, les deux jeunes gens furent présentés l’un à l’autre, ils se plurent, se fiancèrent et se marièrent.
De là, nous voyons non seulement comment le Rabbi pouvait voir au-delà des quatre murs de son bureau mais il savait même de qui le jeune homme allait emprunter le stylo !

Rav Leibl Groner, un des secrétaires du Rabbi
traduit par Feiga Lubecki