Pendant de violents combats au Vietnam, le capitaine Hank Webb frôla la mort : une balle égratigna même son oreille. A ce moment-là, il promit à D.ieu que s’il s’en sortait vivant, il respecterait Chabbat.


Bien que je ne sache pas grand-chose sur Chabbat, j’avais tout de même compris quelques règles de base : ne pas écrire, ne pas voyager et ne pas téléphoner. Ceci ne serait pas simple sur une base militaire.
D’habitude, les soldats avaient droit à une journée de libre le dimanche pour se rendre à la plage, faire un barbecue et jouer au volley. Je décidai de demander ce privilège le samedi. Bien entendu, en cas d’urgence, je rejoindrais les autres soldats sur le champ de bataille mais tant que la situation restait calme, je devais pouvoir respecter le Chabbat.
C’est ce que je m’apprêtais à exposer à mon supérieur, le colonel Pride. C’était un homme droit avec lequel je m’entendais bien. Cependant, il ne tolérait pas les tire-au-flanc qui tentaient de se soustraire aux corvées.
Avec son fort accent du sud, Pride refusa : «J’avais comme voisin un garçon juif, orthodoxe d’ailleurs. Chaque samedi, nous tondions ensemble le gazon. Donc je suppose que si un garçon orthodoxe poussait la tondeuse, vous pouvez aussi bien pousser un stylo le samedi !»
Je n’en revenais pas ! Quelle sorte de garçon orthodoxe avait été son voisin ? Après avoir repris mes esprits, je commis la plus grande faute de ma carrière militaire et dis : «Colonel ! Avec tout le respect que je vous dois, je pense qu’il existe une Autorité plus haute que la vôtre !»
En entendant cela, il trembla de rage : «Ce genre d’insulte ne passera pas impuni ! Le général sera prévenu !»
Cela pouvait me valoir un jugement en cour martiale, me faire jeter en prison et sonner la fin de ma carrière militaire.
Mais ce Chabbat, quoi qu’il arrive, je le respecterai ! «Je suis venu ici combattre pour la liberté, me dis-je, y compris la liberté de religion. Pourquoi ne serais-je pas autorisé à pratiquer la mienne ? Sinon, pourquoi devrais-je risquer ma vie ?»
Durant toute cette journée, je décidais de ne pas me faire remarquer par le colonel Pride. Je me rendis à l’extrémité de la base qui était protégée par de hautes herbes. Cet endroit était truffé de mines pour empêcher les Viet Congs d’y pénétrer mais je connaissais exactement les endroits à éviter. Nul n’aurait l’idée de venir m’y chercher. Je m’étendis dans l’herbe et me mis à lire le ‘Houmach (Bible) dans sa traduction. Le premier verset qui me sauta aux yeux était justement : «Six jours tu travailleras mais le septième jour est le Chabbat pour l’Eternel ton D.ieu».
Je n’en croyais pas mes yeux. Non, ce n’était certainement pas un hasard : «Il existe une Autorité supérieure !». Oublions le colonel Pride et même le général. C’est D.ieu qui commande ! J’avais effectué le bon choix. Tout en espérant rester un soldat loyal de l’US Army, j’étais aussi résolu à rester fidèle au véritable Commandant en chef…
Le lendemain matin, tandis que je me levai et m’habillai, j’entendis soudain qu’on m’appelait par haut-parleur : «Capitaine Webb ! Une urgence ! Venez immédiatement !»
Je me ruai dehors ; dans ma précipitation, j’oubliais de prendre mon fusil M16 et mon ceinturon avec mon pistolet de calibre 45. Tout en courant, je me demandai pourquoi ou m’appelait moi plutôt qu’un autre officier plus gradé. 
Entre 50 et 60 soldats se tenaient à l’extérieur d’un bâtiment : «Il y a là, à l’intérieur, un soldat avec une grenade. Il menace de tout faire sauter !»
La situation était effectivement très dangereuse. Mais je n’avais pas d’arme sur moi et aucun des hommes présents n’avait le droit de prêter son arme. Je décidai d’entrer dans le bâtiment. En réfléchissant rétrospectivement, je me dis que c’est certainement D.ieu qui m’a empêché de prendre mon fusil : en effet, comment le soldat aurait-il réagi devant un officier armé ? Il aurait pu jeter sa grenade sur moi !
Malgré ma peur, je m’efforçai de paraître calme et assuré. J’aperçus effectivement un jeune soldat noir, à l’air affolé, qui tenait quelque chose dans sa main : «Soldat, je ne vous veux aucun mal, dis-je calmement, ne vous inquiétez pas. Je veux juste vous parler. Relaxez-vous !». Et tout en continuant à le fixer droit dans les yeux, je m’approchai de lui : «Que se passe-t-il ? Qu’avez-vous dans la main ?».
Il me regardait, l’air hésitant tandis que je tendais ma main vide. Hébété, il me donna la grenade qu’il n’avait heureusement pas dégoupillée. Je la saisis puis passai mon bras autour de ses épaules. Il était terrifié : «Venez ! lui dis-je, je vais vous faire un café !»
Tandis qu’il tentait de se remettre de la folie de son geste et qu’il buvait son café, je fis signe aux hommes à l’extérieur que tout était réglé. C’est juste à ce moment-là qu’arriva le Major Carl Van Sickle. Il assista à toute la scène : en quelques minutes, la police militaire arriva, arrêta le soldat et me demanda un rapport détaillé.
Il s’avéra que celui-ci avait été accusé de vol – injustement à son avis. Arrêté, il avait réussi à s’emparer d’une grenade en profitant d’un moment d’inattention et s’était enfui dans ce bâtiment qu’il avait menacé de faire sauter.
Mais pourquoi avais-je été appelé moi, plutôt qu’un de mes supérieurs ? Il s’avéra qu’aucun d’entre eux n’était justement présent à ce moment-là. Par une série de «coïncidences», j’avais réussi à tirer toute mon unité hors de danger.
Je devins le sujet de conversation de tous mes soldats.
Après cet incident, je n’eus plus aucun problème pour respecter Chabbat. Le colonel Pride qui m’avait menacé de la cour martiale ne dit plus rien. Ni il ne me fit des compliments, ni il ne mentionna plus le problème du Chabbat.
Les soldats qui avaient suivi l’incident voulurent demander une médaille pour moi. Mais je refusai : le fait que je puisse à présent respecter le Chabbat sans problème était ma plus grande récompense. La révélation que j’avais eu la veille de l’incident s’était renforcée dans mon esprit et ma détermination : D.ieu contrôlait tout et Il s’occupait de moi.

Hank Webb
«Loyal Soldier» publié par Israel Bookshop Aish.com
traduit par Feiga Lubecki