rabbi parents 1

Nous publions ici le récit de la Bar Mitsva du Rabbi recueilli des mémoires de la Rabbanit ‘Hanna, mère du Rabbi, 
Le texte qui figure dans ce fascicule est celui du manuscrit, rédigé en yiddish par la Rabbanit puis traduit.

 

Je pense qu’il se rappelle sûrement du discours qu’il a fait, lors de la célébration de sa Bar Mitsva(311). Il me semble même qu’il a en fait deux, l’un sur la partie révélée de la Torah et l’autre sur sa dimension profonde.

     Une très large assistance était présente, à cette fête. Nous avions beaucoup de bons amis. C’était, en outre, la période de la victoire des ‘Hassidim, dans le domaine du rabbinat, puisqu’un candidat ‘hassidique aussi éminent que lui avait été désigné comme Rav de la ville. De nombreuses personnes avaient donc assisté à cette BarMitsva, y compris celles qui n’avaient pas été invitées !

     La fête de la Bar Mitsva a eu lieu pendant le Chabbat(312) et la réunion ‘hassidique, à cette occasion, s’est poursuivie jusqu’après la Havdala. Je n’étais pas personnellement présente dans la pièce où les discours furent prononcés, mais tous furent émerveillés par leur contenu. Il est impossible de décrire cet émerveillement par les mots.

     Je me souviens que l’ingénieur Foley, dont j’ai parlé ci-dessus(313), un homme très intelligent, qui possédait de bonnes connaissances de la Torah et une analyse très fine, s’est approché de moi et il m’a dit :

« C’est la première fois de ma vie que j’entends de tels propos de la bouche d’un enfant de cet âge ! ».

     Après cela, a commencé un épisode nouveau. Le père du Bar Mitsva lui a demandé de lui faire une certaine promesse. Je n’étais pas moi-même présente. Mais, il n’a pas été aisé d’obtenir son accord. Des vieux et des jeunes, des hommes ne pratiquant pas et ceux qui le faisaient quittaient alors la pièce en pleurant !

     Il y avait alors une atmosphère que les mots ne peuvent pas décrire. Cela a duré de nombreuses heures. Puis, au final, le Bar Mitsva a donné une réponse positive(314). Par la suite, tous ont commencé à danser, avec des visages larmoyants, mais emplis de joie. Pour ainsi dire, tous avaient fait la transition vers un autre monde(315).

     C’était un enfant maigre, qui avait un visage raffiné, d’une grande inspiration, tel qu’on ne le rencontre que très rarement.

Notes

(311) Sur laquelle la Rabbanit reviendra, par la suite, dans son journal, à la date de l’issue du saint Chabbat, Roch ‘Hodech Adar Richon 5719 (1959).

(312) La Bar Mitsva du Rabbi fut le vendredi 11 Nissan 5675 (1915). La fête, à cette occasion, fut donc célébrée le lendemain.

(313) A propos de son intervention pour la nomination de Rabbi Lévi Its’hak comme Rav de Yekatrinoslav, comme on l’a vu

(314) A la requête formulée par son père.

(315) Dans le magazine yiddish Heym, organe des femmes et jeunes filles ‘Habad aux Etats-Unis, en sa parution de Kislev 5724 (1963), N. Ben Yo’hanan, pseudonyme du Rav Nissan Gordon, rapporte le récit qui lui a été fait, concernant cette BarMitsva, par la Rabbanit ‘Hanna, elle-même : « La Rabbanit se souvient jusqu’à ce jour, de la grande fête qui fut donnée, à Yekatrinoslav, à l’occasion de la Bar Mitsva. Après le discours, qui a beaucoup plu aux invités, le jeune Bar Mitsva a éclaté en sanglots et, en le voyant, de nombreux invités ont pleuré également. Elle a entendu que son mari avait insisté pour que le Bar Mitsva lui fasse une certaine promesse. Quelle était cette promesse ? Elle n’en a pas la moindre idée. En revanche, elle se rappelle qu’à l’issue du Chabbat, quand le jeune Bar Mitsva accepta de faire cette promesse, comme son père le lui avait demandé, il y eut alors une grande joie et des danses qui se poursuivirent jusqu’à une heure tardive de la nuit. Qui sait ? Peut-être, déjà à l’époque, y avait-il eu un échange confidentiel entre le père et son fils, à propos de sujets de la plus haute importance, pour la maison de ‘Habad ».