Il y a quelques mois, j’ai été invité par un habitant du Kibboutz Alonim à célébrer le «Pidyone Habène», le rachat de son fils premier-né. Après avoir pris tous les renseignements nécessaires au regard de la Hala’ha, je suis arrivé à l’heure dite. Un autre Cohen se trouvait déjà sur place ; le corps recouvert de tatouages, il expliqua : «Ces dessins, c’est un souvenir de mon séjour à Goa, en Inde. D.ieu merci, par la suite j’ai eu la chance de faire la connaissance de Rav Doudou Lider, l’émissaire du Rabbi à Melbourne. Grâce à lui, je me suis renforcé dans mon judaïsme et maintenant, je mets les Téfilines chaque jour !»
Le père de l’enfant avait préparé un petit déjeuner lacté pour ses invités, afin d’éviter tout problème de cacherout. Je lui avais demandé auparavant de m’acheter du pain dans la fameuse boulangerie cachère Angels afin que je puisse prendre un repas à base de pain, comme il est de coutume pour un Pidyone Habène.
Ensuite arriva un Kibboutznik typique : une queue de cheval avec un bandana, un short et des sandales. De fait, c’était le grand-père du bébé. Son fils me fit faire sa connaissance.
- Enchanté ! Mazal Tov ! Je m’appelle Menaché ! déclarai-je en lui serrant la main.
- Et moi, c’est Amir. Vous savez, moi, je suis plutôt opposé à toutes ces choses-là… (faisant allusion à l’«étrange» volonté de son fils de pratiquer une cérémonie religieuse traditionnelle : lui, bien sûr, était libéré de ces pratiques d’un autre âge…)
Je répondis que cette remarque était stimulante et remarquai : «En tant qu’ancien footballeur, je sais que personne ne donne un coup de pied en l’air s’il n’y a pas quelqu’un en face…»
A cet instant précis, je me suis souvenu d’une lettre du Rabbi que j’avais lue une fois dans le magazine Kfar Chabad. Le Rabbi écrivait en 1969 à un capitaine des parachutistes : il lui adressait sa bénédiction et soulignait l’importance de sa responsabilité car il devait montrer l’exemple aux soldats qu’il entraînait. En effet, les soldats observent l’attitude de leur capitaine même dans les situations qui ne sont pas du domaine des relations de supérieur à simple soldat. Ce qui explique que sa responsabilité est double… A la fin de sa lettre, le Rabbi ajoutait que – en accord avec la parole du Baal Chem Tov : «De chaque chose qu’on voit ou qu’on entend, on doit prendre un enseignement dans sa façon de servir D.ieu – ce qu’on doit apprendre du parachutisme, c’est que l’opposition est la condition du succès…»
Le Rabbi n’avait pas besoin d’élaborer sur ce sujet puisque chaque parachutiste apprend dès le début de son entraînement que, s’il n’y a pas une force qui s’oppose à lui, il ne peut arriver à terre entier – que D.ieu préserve ! Il ne fallait donc pas craindre l’opposition, concluais-je en souriant.
Ensuite, avant de procéder à la cérémonie – dans la cour de la maison, j’ai expliqué brièvement le sens du Pidyone Habène.
Je suis retourné dans la maison pour me laver les mains rituellement et je m’aperçus que le grand-père de l’enfant se trouvait à côté de moi. Je lui demandai gentiment : «Alors, il y a eu de l’opposition ?» et il répondit sur le même ton : «Non, pas d’opposition».
Il disparut et n’assista pas au petit déjeuner qu’avait préparé son fils car il avait sans doute honte de lui-même…
Le Yom Kippour suivant, le Cohen du Kibboutz est arrivé dans notre synagogue et je lui racontai ma rencontre avec le grand-père de l’enfant.
Le Cohen remarqua : «Tu ne t’imagines pas à quel point tu as fait mouche ! Cet homme est un ancien parachutiste ! Tu l’as touché au plus profond de lui-même !»

Menaché Althaus
Kfar Chabad n°1316
traduit par Feiga Lubecki