La paracha Ythro nous donne le récit de ce qui, plus que tout autre événement biblique, dépasse absolument nos capacités de représentation : la révélation de D.ieu au Sinaï et le don des Dix Commandements.



De cette Révélation et de ce don, on peut cependant, à la lumière de la Tradition, comprendre dans une certaine mesure les effets et, en ce qui concerne nos vies concrètes, les enjeux qu’ils imposent, aujourd’hui avec la même force qu’hier.



Des commandements ont étés donnés avant le Sinaï : ainsi les sept lois ont-elles été offertes en partage aux enfants de Noé c’est à dire à l’humanité toute entière. Mais ces lois, justement, ne concerne que l’ici bas où vit l’humanité. Elles entendent fonder la morale, non seulement individuelle mais également sociale, par laquelle peut se construire le projet humain.


Au Sinaï, c’est une révolution qui s’est opérée. Une révolution dont le champ a été la Création toute entière. Pour décrire la situation qui prévalait avant le Sinaï , le midrach emploie une métaphore :


« Le roi interdit aux habitants de Rome de descendre en Syrie et à ceux de Syrie de monter à Rome »


Deux territoires coexistaient. Mais ils étaient séparés par une infranchissable frontière. Ces « territoires » étaient le « ciel » et la « terre » ou, pour quitter la métaphore, les mondes spirituels et le monde matériel.


Le Roi, D.ieu, a ouvert la frontière. C’est à dire que la Parole qui a jailli au Sinaï a pénétré la matière même du monde. Et que les Commandements portés par cette Parole sont l’expression de Sa Volonté. Il appartient, maintenant, aux juifs de les vivre au quotidien, dans les actes concrets de leur vie terrestre pour permettre, en retour, l’élévation de ce monde.


Ce projet là n’est plus seulement humain. Il ne s’agit plus seulement d’humaniser un monde demeurant cependant clos dans sa finitude. Il faut le « spiritualiser et, ce faisant, ouvrir l’horizon messianique où s’aperçoit l’apogée vraie de l’entière humanité.


B.Ziegelman