Le verset Vayéchev 37, 1 dit que : «Yaakov s’installa dans le pays où résidait son père, dans le pays de Canaan» et le Midrash Tan’houma, Parchat Vayéchev, au chapitre 1, rapporte, à ce propos, l’explication suivante :

«On peut citer l’image d’un roi qui possédait une perle, mais celle-ci fut jetée dans la poussière, parmi les immondices. Il fut donc nécessaire que ce roi effectue une recherche pour retrouver la perle, dans la poussière et les débris, afin de l’en retirer. Puis, quand le roi découvrit la perle, il mit de côté la poussière et les débris pour se consacrer uniquement à elle.

De la même façon, quand le D.ieu trouva les perles qu’étaient Avraham, Its’hak et Yaakov, Il se consacra à eux. C’est pour cette raison que la liste des chefs des fils d’Esav(1) a été rapprochée de cette Paracha».

Il reste, cependant, difficile de comprendre la comparaison qui est établie ici par le Midrash, entre la longue énumération des générations d’Esav et une recherche, dans la poussière, pour y trouver une perle. En effet, fallait-il réellement fouiller dans la boue d’Esav pour y trouver la perle de Yaakov ? N’était-il pas possible, en l’occurrence, après avoir décrit la vie d’Its’hak, de relater, sans transition, celle de Yaakov(2) ?

En réalité, il faut bien admettre que la description de la biographie de Yaakov et de ses pérégrinations a un rôle essentiel dans la mission qu’il reçut ici-bas, celle de faire briller, de nouveau, les parcelles de sainteté, d’une grande élévation qui étaient tombées sous la domination impure d’Esav l’impie(3).

Car, la libération et la clarté renouvelée de ces parcelles divines, profondément cachées au sein de la matière du monde, étaient indispensables à la plénitude morale de Yaakov(4). Celui-ci connut donc une descente, qui lui permit de s’introduire dans le domaine d’Esav, afin de sauver ces parcelles de sainteté et de leur apporter l’élévation. C’est pour cette raison(5) qu’il est comparé à une perle brillante, jetée entre des couches de poussières et des débris souillés.

Or, ce qui vient d’être expliqué s’applique, de la même façon, à chaque Juif(6), qui est également envoyé dans ce monde obscur afin de fouiller dans la poussière et les débris de sa dimension matérielle, jusqu’à y trouver une perle brillante, la Lumière de D.ieu qui est dissimulée dans les objets physiques, au sein de la création. C’est de cette façon, en «fouillant» au sein de la matière, en se consacrant aux domaines du monde afin de leur apporter l’élévation, qu’une âme atteint la perfection et la réalisation personnelle(7).

Cependant, pour qu’il en soit ainsi, il est indispensable de mettre de côté la poussière et les débris(8), d’avoir conscience que le contact avec l’infamie et la souillure du monde n’est qu’un moyen de mettre en évidence et de faire briller la vitalité divine qui anime la matière(9). Car, lorsque la poussière et les débris sont mis de côté, un homme reçoit l’élévation et il obtient, de cette façon, la plénitude morale(10).

(Discours du Rabbi, Likouteï Si’hot, tome 15, page 302)

Notes :
(1) Qui correspondent à la poussière et aux débris.
(2) En d’autres termes, la perle des Patriarches se trouvait-elle réellement dans cette boue ?
(3) Et, qu’il devait donc libérer de son emprise.
(4) C’est la mission qu’il avait reçue ici-bas. (5) Du fait de cette descente.
(6) En effet, disent nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, «les actions des Patriarches sont des indications pour leurs descendants».
(7) Dès lors que telle est sa vocation.
(8) Car, c’est alors que la perle apparaît.
(9) En aucune façon un but en soi.
(10) Que son âme est venue rechercher dans ce monde.