Le verset Tissa 30, 13 dit : «Voici ce qu'ils donneront, tous ceux qui sont dénombrés dans les comptes(1), un demi-Shekel du Shekel sacré, le Shekel étant de vingt Guéras, un demi-Shekel en prélèvement pour l'Eternel».

Le Talmud Babli, s'interroge à ce sujet : «Moché fut surpris, en l'occurrence : que peut donner l'homme pour le rachat de son âme(2) ?» Et, le Talmud Yerouchalmi, précise que : «D.ieu fit sortir comme une pièce de feu de sous Son Trône de gloire. Il la montra à Moché et II lui dit : "voici ce qu'ils donneront", c'est ceci qu'ils donneront».

Il semble, cependant, que la question de Moché, notre maître, n'ait pas reçu de réponse, dans cette explication : le don d'un demi-Shekel est-il susceptible d'effacer une faute aussi grave que celle du veau d'or ? En quoi D.ieu lui répondit-II en lui montrant un exemple de la pièce qu'ils devaient donner ?

Le Trône de gloire de D.ieu illustre la contraction de sa grande Lumière(3), qui fut nécessaire pour que le monde et ses créatures puissent l'intégrer. En effet, Kissé, le Trône est de la même étymologie que Kissouï, l'occultation, en l'occurrence celle de la Lumière infinie, afin que la «gloire de D.ieu» soit connue dans les mondes(4).

La réflexion à tout cela fait surgir deux sentiments opposés. D'une part, on ressent effectivement la merveilleuse richesse de la révélation divine, allumant le feu d'un désir intense de se libérer des entraves de ce monde, de recevoir l'élévation et de s'inclure en cette grande Lumière, tout comme un feu qui se dresse vers le haut(5).

Mais, d'autre part, lorsque l'on comprend que D.ieu s'est «installé» dans ce monde, qu'Il y est «descendu» afin de l'emplir de Sa Lumière, on en fait de même et l'on se maintient dans ce monde(6). Malgré le fort désir de le quitter, on se soumet à la Volonté de D.ieu et l'on mène une action ici-bas, dans le cadre des lois de la nature(7).

Tout comme une pièce est un objet dur, qui n'est pas malléable, selon le besoin, l'introduction de la Lumière dans les réceptacles du monde n'est en aucune façon modifiée par l'intensité du désir de fuir les entraves de ce monde(8).

D.ieu  attend de l'homme une «pièce de feu». Celui-ci doit Le servir avec la soumission la plus totale, de même qu'avec un profond enthousiasme. Cependant, il faut avoir conscience qu'une telle pièce de feu présente plusieurs aspects contradictoires. En effet, elle émane de : «sous Son Trône de gloire», de la source de l'âme qui se trouve en cet endroit.

Lorsque l'on met en éveil l'essence de son âme, il est possible de racheter chaque faute, y compris la plus grave. En effet, cette âme est pure et aucune faute ne pourrait la souiller.

(Discours du Rabbi, Likouteï Sithot, tome 1, page 178)

(1) Le demi-Shekel permettait aussi d'établir le recensement des enfants d'Israël, puisque l'on ne compte pas directement des personnes.
(2) Il s'agit, en l'occurrence, de racheter la faute du veau d'or, qui est celle de l'idolâtrie, l'une des plus graves. Comment envisager son expiation ?
(3) C'est la notion du Tsimtsoum, qui est à l'origine de la création.
(4) Sans cette contraction, la Lumière de Dieu aurait été trop intense et les mondes n'auraient pas pu la recevoir. Ils se seraient désintégrés.
(5) C'est la phase extatique de cette réflexion.
(6) C'est la phase de réintégration de la matière.
(7) Pour mettre en évidence la Présence de D.ieu au sein de la matière du monde.
(8) C'est la raison pour laquelle les deux sentiments peuvent être éprouvés conjointement.