Pour de nombreuses personnes, penser à un code religieux signifie presque automatiquement évoquer une liste d'actes à «faire» et «à ne pas faire». Définir ainsi les choses en noir et blanc fait du service divin un défi plus facile à relever. Quand un individu sait ce qui lui est enjoint de faire et ce qui lui est interdit, sa tâche est précise. En réalité, il peut rencontrer des obstacles mais la connaissance de ce qui est «juste» et «erroné» lui permet plus facilement de les surmonter et la détermination de faire ce qui est «juste» éveille des potentiels innés puissants.

Bien plus encore, même si l'on faillit, le fait de savoir ce qui est «juste» est important. Il existe toujours la possibilité de corriger sa conduite par la techouvah, le regret sincère. Quand une personne possède un code absolu de ce qui doit se faire et ne pas se faire, elle est consciente de ses transgressions. Cela lui permet de regretter sincèrement sa conduite et d'entreprendre de la rectifier.
Mais la vie n'est pas seulement en noir et blanc, pas plus que la conception juive du service divin. Pour prendre un exemple simple, le choix d'une alimentation cachère constitue simplement le commencement de notre service divin en matière de nourriture. Mais même lorsque l'aliment est cacher, il faut le consommer dans l'intention d'utiliser l'énergie divine qu'il contient pour servir le Créateur.
Il en va de même pour la vie en général. Même celui qui ne s'implique que dans ce qui est permis et prend la peine de ne violer aucune interdiction peut être trop épris de lui-même et trop égocentrique. Pour nous préserver de ces défauts, la Torah nous enjoint : «Soyez saints», c'est-à-dire conduisez-vous avec une réserve réfléchie, étant sûrs que «toutes vos actions sont motivées par le Ciel». Et à un niveau supérieur, il nous faut «connaître D.ieu dans toutes Ses voies».
Cette approche est fondamentale dans la pensée 'hassidique. Dans le Tanya, Rabbi Chnéour Zalman identifie «chaque acte... qui ne contient aucun interdit... mais n'est pas accompli pour l'amour de D.ieu... même lorsqu'il s'agit d'un besoin du corps, [nécessaire] pour son existence même et sa vie» comme une Klipah. Ce terme qui signifie littéralement «écorce» ou «enveloppe» prend pour la Kabbale un sens péjoratif évoquant le mal. Car tout comme une personne s'intéresserait à l'écorce ou l'enveloppe du fruit au lieu du fruit lui-même, elle peut également se préoccuper des aspects superficiels, matériels du monde et ignorer son essence divine. Et puisque ainsi elle ne sert pas D.ieu, elle s'en sépare.

Implication mais non ascétisme
Ce concept jette la lumière sur ce que le Judaïsme entend par «sainteté». Le mot hébreu Kadoch, signifiant «saint» implique la séparation. C'est ce qu'exprime la fin de notre lecture hebdomadaire de la Torah : «Vous serez saints pour Moi, car Moi, D.ieu, suis saint et Je vous ai séparés des nations pour être Miens».
Une telle séparation n'est pas nécessaire en ce qui concerne les dimensions rituelles de la Torah et de ses Mitsvot. Elles sont évidemment distinctes, il n'est nul besoin pour l'homme de le marquer davantage. Par contre, la Paracha de cette semaine s'intéresse à ce qui concerne tous les mortels. Aussi, se préoccupe-t-elle des lois qui tournent autour de l'agriculture, des relations humaines, du travail et de la moralité. Car c'est dans ces sphères «profanes» que s'exprime la sainteté du Peuple Juif.

«Vous pouvez être comme Moi»
Par ailleurs, Kedouchah, «sainteté», se réfère également au niveau qui dépasse l'existence matérielle, à la lumière divine qui est, par ailleurs séparée et distincte de notre cadre humain de référence. Mais bien que cette sainteté ne puisse être perçue par nos sens mortels, elle ne nous est pas complètement inaccessible.
Ce concept se reflète dans l'interprétation 'hassidique du passage du Midrach:
Il est écrit : « 'Soyez saints'. Cela signifie-t-il que vous pouvez être comme Moi [D.ieu] ? Le verset poursuit : 'puisque Moi Qui suis l'Eternel, votre D.ieu, Je suis saint'; Ma sainteté est plus grande que la vôtre. »
Cependant, la pensée 'hassidique interprète les mots hébreux
«Ya'hol Camoni» traduits par «celui signifie-t-il que vous pouvez être comme Moi ?» comme signifiant : «Vous pouvez être comme Moi», autrement dit, chaque être humain peut parvenir à un niveau de sainteté équivalent à celui de D.ieu Lui-Même. Puisque chacun d'entre nous possède une âme qui est «une réelle partie de D.ieu» et que «Moi, l'Eternel votre D.ieu, suis saint», nous pouvons tous atteindre le plus haut niveau de sainteté.
En fait, l'humanité peut même, pour ainsi dire, «embellir» la sainteté de D.ieu, comme le déclarent nos Sages : «Si vous vous rendez saints, Je considérerai que vous Me sanctifiez».

L'intérieur à l'extérieur
Ces deux concepts sont liés. Parce que l'être humain possède une «réelle partie de D.ieu» dans son être, il lui est possible d'apprécier et d'exprimer la sainteté à tous les niveaux, même à l'intérieur de l'existence matérielle.
Plus encore, ce potentiel intérieur pousse chaque individu à rechercher des étapes supérieures dans le domaine de la sainteté. Tout comme D.ieu est sans limite, transcendant tous les niveaux, chaque personne peut accéder à des niveaux plus élevés.