Cette semaine, dans toutes les synagogues, des milliers de flammes montent. Dansant au bout de la mèche qui semble peiner à les retenir dans la matière, elles s’élancent et illuminent le monde autour d’elles. Ce n’est pas d’une lumière anodine qu’il s’agit et sans doute est-ce pour cette raison qu’elle attire fidèlement tous ceux que l’obscurité ne peut satisfaire. C’est celle de Lag Baomer, la lumière de Rabbi Chimon Bar Yo’haï.

Ce jour est celui où, en Israël, à l’époque romaine, il quitta ce monde et, plus profondément, comme il l’indiqua lui-même, il est celui de sa joie car c’est à ce moment qu’il se lia à D.ieu dans l’absolu. Certes, quand on dit « Lag Baomer », cette seule expression évoque, pêle-mêle, des images de feux de joie, d’enfants qui jouent et proclament leur bonheur de vivre le judaïsme, d’allégresse et de foi pure. Tout cela est, sans aucun doute, de la première importance. On le sait, c’est sur de telles célébrations que se fonde la conscience d’un peuple. Cependant, ce 33ème jour de l’Omer ne saurait être réduit à des coutumes que l’on finirait par classer dans la rubrique « anecdotes folkloriques » et qui ne feraient plus que l’objet d’un respect nostalgique. Le Lag Baomer est, avant toute chose, une date vivante. C’est justement cette vie-là qui le rend si précieux car elle est à même de nous pénétrer pour, à son tour, nous permettre de mieux vivre.

La source d’une telle puissance est claire. Rabbi Chimon Bar Yo’haï est celui qui révéla la sagesse profonde de la Torah, le Zohar. Il est celui qui donna ainsi accès à une connaissance nouvelle dont la lumière n’a pas cessé de se répandre depuis lors. En ce sens, Lag Baomer est une sorte de Roch Hachana, avec toute la solennité et la force de commencement qu’implique ce terme. Car il faut un début aux choses et cette date fut le temps où l’œuvre de Rabbi Chimon arriva à son point culminant. Au dernier jour de sa vie sur terre, elle parvint à son accomplissement. Les secrets de la Torah qu’il avait révélés ne furent pas alors diffusés à tous. Mais, dès ce moment, leur présence dans le monde ne laissa rien inchangé. Ce fut le premier pas vers cette illumination progressive dont, plus tard, Rabbi Its’hak Louria puis le Baal Chem Tov marquèrent le développement.

Tout cela commença donc en cette époque ancienne où les romains occupaient la terre d’Israël. Tout cela commença comme une lumière qui monte avec la certitude que rien ne l’arrêtera jamais. C’est cette histoire qui se poursuit aujourd’hui et c’est cette lumière qui éclaire toujours notre chemin jusqu’à la venue de Machia’h.