Lettre n° 88

[seconde version de la lettre précédente]

[Début Mena'hem Av 5703?(1)]

Je conclurai cette lettre(2) avec un point qui est lié à ce Chabbat.

La tribu de Lévi a-t-elle participé à la guerre de Midyan? Il existe deux versions du Sifri, à ce propos. Selon la première, ils ne combattirent pas, selon la seconde, ils le firent et c'est ce deuxième avis que Rachi retient.

Le Rambam souligne que la tribu de Lévi ne combattait pas, comme le reste du peuple juif. Pourquoi cette guerre fut-elle une exception et qu'en tirer pour le service de D.ieu?

La raison en est très simple. Le but de la guerre contre les sept peuples était de s'approprier leurs terres, d'y labourer et d'y planter. Or, les Léviim sont éloignés des préoccupations terrestres. Leur mission consiste à enseigner la Loi au peuple d'Israël, ce que ne peut faire celui qui laboure et plante. Ils étaient donc étrangers aux objets du monde.

A l'opposé, la guerre contre Midyan n'avait pas pour but d'annexer un endroit pour s'y installer, puisque la tribu de Reouven ne vint là que par la suite, mais bien d'y porter la vengeance de D.ieu, comme le précise le Ramban. C'est la raison pour laquelle la tribu de Lévi devait prendre également part au combat.

Ceci nous permettra de préciser une autre différence entre la guerre de Midyan et toutes les autres. A celle-ci, participèrent mille hommes de chaque tribu, de la tribu la plus nombreuse comme de la plus petite.

Ce qui vient d'être expliqué permettra d'en comprendre la raison. En effet, quand il s'agissait de conquérir un peuple pour annexer son territoire, lequel serait ensuite réparti entre les tribus en fonction de leur importance numérique, les tribus les plus nombreuses devaient fournir un plus grand nombre de soldats, ce qui n'est pas le cas lorsqu'il s'agit uniquement d'y porter la vengeance de D.ieu

Il en découle un enseignement pour le service de D.ieu. La guerre contre les sept peuples évoque, en effet, la conquête des sept émotions négatives, qui inspirent l'orgueil. En conséquence, la tribu de Lévi, de même que tous ceux qui décident de s'engager dans le service de D.ieu et se libèrent ainsi des obligations du monde, ne sont pas concernés par une telle guerre.

Midyan, en revanche, évoque, le mal le plus fin. Un Lévi ou bien un Israël jouant le rôle de Lévi, comme on l'a vu, doivent donc également s'y engager.

Se débarrasser du mal le plus fin n'est pas aisé et c'est précisément pour cela que ce dernier exil est si long, dépassant largement celui de Babel. C'est pour la même raison que la guerre doit être dirigée par Moché, notre maître, dont quelqu'un remplit les fonctions dans chaque génération, surtout en la fin de ce dernier exil, à l'époque du talon du Machia'h. Bien plus, il faut se rendre au combat en faisant preuve de la plus grande abnégation.

Dès lors, la récompense accordée est "mesure pour mesure". Celui qui a fait don de lui-même au delà de toute considération logique peut obtenir une victoire surnaturelle, de sorte que nul ne tombe au combat, que tous entrent en Erets Israël, avec notre juste Machia'h, très bientôt et de nos jours.

Avec ma bénédiction et mon salut à tous les membres de votre famille, en particulier au Rav Y., en souhaitant que vous alliez bien, une Techouva immédiate et une délivrance immédiate,

M. Schneerson,
Directeur du comité exécutif

Notes

(1) Cette lettre, corrigée, sur le manuscrit de la précédente, a vraisemblablement été rédigée peu après celle-ci.
(2) Le début de la lettre n'a pas été reproduit.