Lettre n° 201

Par la grâce de D.ieu,
Mardi 23 Mar'Hechvan 5706,
Brooklyn, N. Y.,

Au très honorable 'Hassid, craignant D.ieu et se consacrant àSon service, le Rav Y.(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre de la fin de la semaine dernière, à laquelle était joint un chèque de quarante et un dollars, pour les abonnements à la version Yiddish et à la version anglaise des Conversations avec les jeunes, selon la liste que vous nous avez adressée. Nous envoyons immédiatement à ces nouveaux abonnés les parutions de Tichri et de Mar'Hechvan.

Concernant des livres de 'Houmach, il est possible d'acquérir celui de Béréchit, avec le commentaire de Rachi, pour un prix variant entre 41 et 45 cents. Si cette édition vous intéresse et si vous acceptez ce prix, nous acceptons de les acheter et de vous les envoyer.

Nous conclurons par des paroles de la Torah. La Paracha de la semaine dernière(2) se concluait par le verset: "Il avait une concubine, qui s'appelait Reouma. Celle-ci enfanta Téva'h, Gua'ham, Ta'hach et Maa'ha". Lorsque ce verset est enseigné aux enfants, on a coutume d'expliquer que Maa'ha est le nom de la fille de cette concubine(3), mais je me suis aperçu que cette interprétation est contestée.

En effet, j'ai pu constater que ce verset reçoit trois interprétations:
1. Selon le Ramban, il rapporte toutes les nouvelles qui furent relatées à Avraham.
2. Selon le Sforno, il indique que sa concubine enfanta Maa'ha qui aurait pu épouser son fils(4), s'il n'avait pas choisi Rivka.
3. Rachi explique qu'une comparaison est ainsi faite entre tous les descendants d'Avraham, les huit fils d'épouses et les quatre fils de concubines(5). Ce commentaire est basé sur le Midrach Béréchit Rabba qui, selon sa formulation, semble signifier que les enfants des concubines sont directement liés à leur mère. Ceci peut être comparé à ce que l'on dit à propos de Hagar, Bilha et Zilpa. Néanmoins, l'analogie n'est pas parfaite, car ces dernières étaient des servantes(6). L'analyse, à ce propos, doit être approfondie.

Selon le Sforno, Maa'ha est donc un nom de femme. A l'opposé, pour Rachi, commentateur le plus éminent, se basant en outre sur le Midrach, Maa'ha est un fils. Si ce n'était le cas, il y aurait dû avoir une autre fille dans la famille de Na'hor, correspondant à Dina(7). J'ai également pu vérifier que le Séder Hadorot définit clairement Maa'ha comme le fils de Na'hor.

Il semble donc que l'habitude de considérer Maa'ha comme une fille est un écart par rapport à ce qu'indique, à l'évidence, le commentaire de Rachi. En étudiant les Prophètes et les Ecrits saints, on rencontre, en effet, Maa'ha comme nom féminin, puisque tel était celui de l'épouse de David et de celle de Ré'hovoam, selon le commentaire de Rachi sur les Chroniques 13, 2.

Mais, l'on rencontre également Maa'ha comme nom masculin dans les Chroniques 11, 43; 23, 16, car il est difficile de penser que chacun était appelé par le nom de sa mère(8). Néanmoins, plusieurs noms sont portés à la fois par des femmes et par des hommes, comme le dit Rabbi Avraham Ibn Ezra, dans son commentaire de la Torah, à la fin de la Parchat Vaychla'h et l'on consultera le commentaire du Ramban, à la même référence.

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(9)

Notes

(1) Le Rav Yossef Flyer. Voir la lettre n°58.
(2) Celle de Vayéra.
(3) Alors que les précédents sont des fils.
(4) C'est-à-dire Its'hak.
(5) Les enfants de Yaakov, fils d'Its'hak. L'équivalent existait chez les descendants d'Ichmaël.
(6) Et non des concubines.
(7) Puisque les descendants d'Itshak et d'Ichmaël devaient se correspondre, comme on l'a vu.
(8) Lorsque l'on emploie l'expression "fils de".
(9) Du Merkaz Leïnyaneï 'Hinou'h.