Lettre n° 151

Par la grâce de D.ieu,
Lundi 1er Iyar,

Au grand Rav et grand 'Hassid, aux nombreuses réalisationset aux comportements généreux, le Rav H. Ts.(1),

Je vous salue et vous bénis,

Vous m'avez invité à la Bar Mitsva(2) de votre fils, mais je ne pourrais être présent et je vous adresse donc ma bénédiction pour qu'il grandisse, physiquement et moralement, qu'il craigne D.ieu, soit un 'Hassid et un érudit.

De manière allusive, un lien peut être trouvé entre ce jour, le 26 Nissan(3) et la Bar Mitsva.

C'est à l'âge de la Bar Mitsva que l'on est astreint à la pratique de la Torah et des Mitsvot. Le Midrach indique que le bon penchant pénètre alors dans le corps de l'homme. C'est essentiellement à cet âge que l'âme issue de la sainteté prend possession du corps, comme l'établit le Choul'han Arou'h de l'Admour Hazaken.

Pour indiquer que le bon penchant pénètre dans le corps de l'homme, le Midrach emploie, textuellement l'expression: "Il se marie avec l'homme" et cette formulation est effectivement significative.

C'est à cet âge que l'on entre en guerre contre le mauvais penchant, afin de conquérir le corps, comparé à une petite citadelle.

Comment vaincre le mauvais penchant? Nos Sages rapportent à ce propos les Paroles du Saint béni soit-Il: "J'ai créé le mauvais penchant. Je lui ai également créé une antidote".

Le combat contre le mauvais penchant commença, à proprement parler, lors de l'entrée en Erets Israël. Dans le désert, les enfants d'Israël n'avaient pratiquement aucun contact avec les préoccupations matérielles. Ils se nourrissaient du pain du ciel, leurs vêtements ne les quittaient pas, les colonnes de nuée les entouraient et tuaient les serpents.

Une controverse oppose Rabbi Akiva et Rabbi Eliézer, dans le traité Sanhédrin, pour déterminer si la génération du désert aura part au monde futur. La Hala'ha est tranchée selon l'avis de Rabbi Eliézer, qui dit qu'ils y auront effectivement part, parce que Rabba Bar Bar 'Hanna, s'exprimant au nom de Rabbi Yo'hanan, adopte son avis.

Bien plus, le Assara Maamarot explique que, selon Rabbi Akiva, cette génération n'a pas part au monde futur parce qu'elle n'en a nul besoin. Ceci permet de comprendre, d'après Rabbi Akiva, pourquoi ceux qui moururent dans le désert furent comparés à des hommes ivres, pour reprendre l'expression des Tossafot.

Yochoua, fils de Noun, fut le dirigeant de la génération qui entra en Terre Sainte et nos Sages le définissent donc comme "le premier des conquérants". Or, seule la Torah apporte le moyen d'être vainqueur au combat. C'est pour cela qu'il reçut tout l'enseignement de Moché, notre maître et celui-ci, comme le rapportent nos Sages, lui dit: "Interroge-moi chaque fois que tu es dans le doute". Yochoua lui répondit alors: "Maître, y a-t-il eu un moment que je ne t'ai accompagné?".

Mais, par la suite, il fut puni et oublia trois cents Hala'hot. Le Rambam l'évoque, dans l'introduction du Michné Torah et les commentateurs de la Michna, au début du traité Avot. On pourrait développer leur propos, mais ce n'est pas ici l'occasion de le faire.

Nos Sages disent que "les érudits ne connaissent le repos ni dans ce monde, ni dans le monde futur, ainsi qu'il est dit: ils s'élèveront d'une étape vers l'autre". Leur oeuvre, accomplie dans le domaine de la sainteté, augmente d'un jour à l'autre et, lorsqu'ils quittent ce monde, ils parviennent à la plus haute perfection(...).

De plus, lorsqu'un homme perd la vie, "tout ce qu'il a accompli durant sa vie et qui était resté caché dans les sphères célestes, se dévoile et éclaire ici-bas, quand il quitte ce monde", selon les termes de l'Admour Hazaken. C'est pour cela que, disent nos Sages, "au moment où il quitte ce monde, l'homme est accompagné uniquement par la Torah qu'il a étudiée et les bonnes actions". Il en est ainsi précisément "au moment où il quitte ce monde" et cette lumière illumine le monde, en général et les disciples de cet homme, en particulier, comme le dit l'Admour Hazaken, dans le Tanya.

Il en est de même, chaque année, en ce jour, comme cela est expliqué à propos de Lag Baomer. L'enseignement et les accomplissements de ce Juste éclairent alors le monde et dévoilent une aide céleste pour que l'on puisse suivre sa voie.

C'est également le cas pour Yochoua, fils de Noun. Au jour de sa Hilloula, des forces particulières sont accordées pour que l'on soit conquérant. En effet, il fut lui-même "le premier des conquérants". Or, il quitta ce monde le 26 Nissan, selon la conclusion de la Meguilat Taanit.

Avec ma bénédiction de Techouva immédiate, délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson

Notes

(1) Le Rav 'Haïm Tsvi Kriger.
(2) Voir, à ce propos, la lettre n°60.
(3) Celui de la Bar Mitsva et aussi celui de la Hilloula de Yochoua, comme le Rabbi le développera plus loin.