Lettre n° 135

Par la grâce de D.ieu,
Mardi 21 Chevat 5704,

A mon cher ami, monsieur Bezboradko(1),

Je vous salue et vous bénis,

Vous trouverez ci-joint un reçu concernant le don que vous avez fait pour soutenir les écoles dirigées par le Merkaz Leïnyaneï 'Hinou'h. Au nom de cette institution, nous vous exprimons tous nos remerciements pour votre concours à cette grande oeuvre d'éducation des enfants juifs, dans l'esprit le plus pur de la tradition.

Nous avons bon espoir qu'à l'avenir, vous prendrez encore part à cette grande oeuvre, vous conduirez vos amis et connaissances à s'y intéresser et à venir en aide au Merkaz Leïnyaneï 'Hinou'h. Chacun le fera selon ses possibilités et, lorsque l'on permet à son prochain de faire une bonne action, on lui confère, de la sorte, un mérite.

L'une des dates particulières de ce mois est le nouvel an des arbres, qui délivre de nombreux enseignements. En effet, l'homme qui prête attention à ce qui se passe autour de lui peut, au moyen de chaque chose, approfondir sa sagesse, améliorer son attitude envers D.ieu et envers les hommes. Cela n'est pas vrai uniquement pour un événement inhabituel, mais concerne aussi la situation la plus courante, comme un arbre qui fleurit. Celui-ci dispense à l'homme de nombreuses leçons pour son existence quotidienne.

J'en soulignerai quelques unes ici:

Les végétaux et, en particulier, les arbres sont constitués de différentes parties. On en désigne généralement trois, les racines, le tronc avec les branches et les feuilles, les fruits qui ont une écorce, une pulpe et des pépins.

On peut noter les différences suivantes entre ces parties:

Les racines sont cachées et nul ne peut les voir. C'est pourtant elles qui apportent à l'arbre l'essentiel de sa vitalité, bien que les feuilles puisent également dans l'air des éléments indispensables à la vie de l'arbre et captent la chaleur du soleil. De plus, les racines permettent à l'arbre de tenir debout. Si elles sont solides, aucun vent ne pourra le déraciner.

Le tronc de l'arbre en est la partie la plus importante. De temps à autre, ses branches et ses feuilles se développent. De ce fait, celles-ci et, plus spécifiquement le tronc, permettent de déterminer l'âge d'un arbre.

Néanmoins, la plénitude de l'arbre se marque dans ses fruits, dont les pépins serviront à planter de nouveaux arbres.

Or, "l'homme est tel l'arbre du verger" et ce qui caractérise les arbres peut, de différentes manières, trouver son équivalent dans sa vie. C'est, en particulier, vrai pour son existence spirituelle. On peut, là encore, déterminer trois catégories.

Les racines correspondent à la foi, grâce à laquelle un homme est lié à la Source de son existence, c'est-à-dire au Créateur, béni soit-Il. Et celui qui a accumulé une immense sagesse, connaît la Torah et met en pratique les Mitsvot, n'en tire pas moins sa vitalité de sa foi en D.ieu, en Son rituel et en Sa Torah.

Le tronc de l'arbre évoque l'étude de la Torah, la pratique des Mitsvot et les bonnes actions, qui doivent constituer la majeure partie des comportements de l'homme et de ses accomplissements. Et l'âge de l'homme peut aussi être déterminé en fonction du nombre des Mitsvot qu'il a accomplies et des connaissances de la Torah qu'il a accumulées. C'est grâce à elles qu'il a une vie pleine de contenu, de sagesse et de réalisations.

Les fruits marquent toute la perfection de l'homme. Celui qui la possède ne se contente pas d'assumer ses engagements personnels. Cette qualité exerce également une influence positive sur son entourage et son environnement, afin que chacun puisse l'acquérir à son tour. Son action consiste à placer la graine à partir de laquelle poussera un arbre, c'est-à-dire un homme, qui aura des racines, sera pénétré de foi, un tronc et des branches, la Torah et les bonnes actions, qui portera des fruits, guidera les autres dans la bonne direction.

Voici ce qu'il faut retenir de tout ce développement. Les racines de l'homme, l'aspect principal de son existence, sont la foi pure. Si celle-ci est affaiblie, son existence morale est un danger, même s'il est, par ailleurs, un homme important.

Les manifestations essentielles de l'existence d'un homme sont ses bonnes actions, qui se multiplient, de jour en jour.

Mais, la perfection de l'homme réside dans les fruits qu'il porte, c'est-à-dire dans l'influence qu'il exerce sur le plus grand nombre, dans le mérite qu'il confère aux autres en leur permettant d'assumer la mission qui leur est confiée, d'atteindre la finalité de leur existence. Alors, ses actions donnent des fruits et ceux-ci produisent, à leur tour, des fruits, dans la succession des générations, de sorte que celui qui est à l'origine de ce processus porte la responsabilité du mérite collectif.

Avec ma bénédiction de Techouva immédiate, délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(2)

Notes

(1) Une lettre identique fut écrite le 27 Chevat et adressée au "Rav, fidèle à ses engagements, aux multiples et importants accomplissements, monsieur Tsvi Moskovitch".
(2) Du Merkaz Leïnyaneï 'Hinou'h.