Lettre n° 132

[14 Chevat 5704(1)]

Vous me demandez d'expliquer, d'après l'enseignement révélé de la Torah, l'importance d'apprendre la Michna par coeur.

Pour répondre à cette question et montrer la grande valeur de cette pratique, je reproduirai ici, avec quelques ajouts, ce que j'ai écrit à plusieurs membres des groupes de Michna par coeur, qui dépendent du Ma'hané Israël.

Nos Sages nous demandent de conseiller l'empressement à ceux qui possèdent, par nature, cette qualité. Je voudrais donc vous rappeler, encore une fois, la nécessité d'apprendre par coeur les six ordres de la Michna, à chaque moment libre. La répartition permettra, pour chaque groupe, que l'ensemble de ces six ordres soit étudié pendant l'année. Cette étude se fera en marchant dans la rue, en se trouvant dans un magasin ou dans un bureau, s'il est possible d'y répéter des paroles de la Torah.

En fondant ces groupes, mon beau-père, le Rabbi Chlita, dit: "La présente période nous impose de purifier l'air. Les mots de la Torah permettent d'y parvenir. Il est très souhaitable que les Juifs apprennent de la Michna par coeur et la récite, à tout moment et en tout endroit. Cette pratique n'est pas spécifique à un groupe ou à une conception. Elle a une portée générale et concerne tout le peuple juif, dont elle assure la protection."

Lors de la première répartition de la Michna, au lendemain de Chavouot 5702, il ajouta: "La Michna que l'on répétera, partout où l'on se trouvera, en quelque endroit que l'on soit, illuminera le lien entre Israël et le Saint béni soit-Il".

Lors de la seconde répartition, le 17 Sivan 5703, il précisa encore: "Rav Benaa enseigne: Un homme doit s'investir dans la Michna, grâce à laquelle tout lui sera accessible, le Talmud ou la Haggada. En effet, Michna est l'anagramme de Nechama, l'âme.

Puis, lors de la troisième répartition, le 27 Sivan 5704, il dit: "Chaque membre d'un groupe doit apprendre la Michna par coeur. Et que l'on ne pense pas qu'il s'agit là d'une pratique sans importance. Chaque Michna soutient le monde et tout ce qu'il contient".

* * *

Pour expliquer la signification de l'étude, par coeur, de la Michna, d'après les propos de nos Sages figurant dans la partie révélée de la Torah, je traiterai ce sujet en plusieurs parties.

1. L'importance de l'atmosphère et la nécessité de la purifier

Un homme possède la vie parce que son corps est relié à son âme. Seuls les miracles de D.ieu permettent d'obtenir un tel résultat, au moyen de deux intermédiaires(2), le sang formé par les aliments les boissons que l'on consomment, d'une part, l'air que l'on respire, d'autre part(3). C'est la raison d'être de l'oesophage et de la trachée artère(4).

L'air et l'alimentation sont, l'un et l'autre, indispensables à la vie. Néanmoins, on s'alimente seulement à des moments précis.

Nos Sages disent que les enfants d'Israël furent d'abord semblables à des coqs enfonçant leurs griffes dans les immondices(5). Puis, vint Moché, qui fixa pour eux les heures des repas. Et, le Rambam précise que l'on doit manger seulement lorsque l'on a faim, boire uniquement quand on a soif.

La respiration normale est permanente, alors que, comme l'envisagent nos Sages, un homme peut rester sans manger pendant sept jours(6). Celui qui cesse de respirer, par contre, mourra très vite.

L'alimentation, qui perpétue le corps et le lie à l'âme, doit donc être adaptée à un tel résultat. Sa dimension qualitative affecte celle du corps et son lien à l'âme. Nos Sages constatent que "un légume frais rend vert, un enfant conduit à adopter un comportement enfantin, une âme peut en apaiser une autre, ce qui est proche de l'âme la calme". Ils expliquent aussi l'interdiction de consommer des bêtes de proie par le fait que celles-ci inspirent la cruauté à ceux qui les mangent.

Bien plus, on peut imaginer qu'un homme interdise, par sa pensée ou par sa parole, un aliment qui, autrement, serait permis, par exemple en faisant la Che'hita à un animal qu'il consacre aux idoles. Or, cet aliment conférera également un tel caractère à celui qui le consomme. Ainsi, nos Sages racontent que la mère d'Elisha, «l'autre», enceinte de lui, consomma un mets consacré aux idoles(7). C'est pour cela que son fils s'écarta du droit chemin.

Et l'on ne peut considérer que, le concernant, il s'agissait d'une punition et non d'une conséquence naturelle. En effet, la mère ne transgressa aucun interdit en consommant ce mets. Bien au contraire, lorsque l'odeur suscite une envie chez une femme enceinte, elle doit manger de cet aliment et, le faisant, accomplit même une Mitsva(8).

Il est difficile d'avancer qu'en pareil cas, elle devait se laisser tuer plutôt que de commettre une pratique idolâtre. Et la formulation du Talmud permet d'établir qu'il fallait lui donner à manger de ce mets.

On doit en conclure que, même s'il s'agissait, en l'occurrence, d'une punition, une telle situation était naturelle, car un aliment interdit suscite, chez celui qui le consomme, des défauts particuliers. Toutefois, en cas de danger, on doit effectivement manger cet aliment, même si, de la sorte, on acquerra une mauvaise nature.

De fait, le mets n'est nullement modifié, en pareil cas. Il conserve des caractéristiques et une dimension qualitative identiques, bien qu'il soit permis d'en manger à un certain homme, parce qu'il court un danger. De même, les besoins du malade suspendent l'interdiction, mais ne la font pas disparaître(9).

Ceci peut être comparé à l'amputation d'un membre, destiné à sauver tout le corps(10).

Bien plus, l'âme de l'homme se détourne de l'aliment interdit et sa consommation n'en est donc pas réellement une, même s'il n'a pas connaissance de son interdiction, comme le dit le Rambam.

Or, s'il en est ainsi pour l'alimentation, combien plus est-ce le cas pour l'air, qui doit être pur et sain, matériellement et spirituellement, pour que l'homme soit intègre, dans son esprit et dans son corps. Nos Sages nous donnent plusieurs illustrations de ce principe. Ainsi, ils disent que l'air d'Erets Israël confère la sagesse, que celui d'une tour conduit à l'oubli.

Et, le Midrach parle d'un lieu dont l'air développe particulièrement l'intellect des hommes. Le Zohar dit que l'air de chaque endroit modifie l'apparence des hommes. Dans ces deux cas, on pourrait penser que l'air est, en réalité, le climat. Il est vrai que le Midrach assimile ces deux notions. Pour l'heure, néanmoins, je n'ai pas vu que le Talmud en fasse de même.

2. La purification de l'atmosphère par les mots de la Torah

L'homme intervient sur l'environnement qui l'entoure au moyen de ses actions, de ses paroles et de ses pensées. La Hala'ha mentionne plusieurs situations dans lesquelles la pensée peut modifier l'environnement de l'homme qui pense(11).

La parole occupe une place particulière puisqu'elle transmet un message à un interlocuteur en lui faisant traverser l'atmosphère.

Ainsi, une bonne parole affecte l'air de manière positive et une mauvaise parole le marque négativement. Le Rambam, dans son commentaire de la Michna enseignant que "celui qui multiplie les paroles provoque la faute", explique les différentes sortes de paroles. Il précise, et l'on peut le vérifier concrètement, que les propos repoussants sont rares à la synagogue et à la maison d'étude, mais fréquents, en revanche, dans les rues et sur les places. Il en résulte qu'il est nécessaire de purifier l'air, à l'extérieur de la maison d'étude, même si, parfois, il peut en être de même à la synagogue.

La purification de l'air est, bien évidemment, réalisée par ce qui est capable de le marquer, c'est-à-dire de bonnes paroles s'inscrivant dans l'atmosphère, le souffle qui le pénètre. Il faut, pour cela, prononcer des mots de la Torah, desquels nos Sages disent qu'ils ne contractent pas l'impureté et gardent en permanence leur limpidité, ainsi qu'il est dit "Ma parole est comme le feu, dit l'Eternel" et nos Sages expliquent: "Tout comme le feu ne peut contracter l'impureté, les paroles de la Torah ne peuvent devenir impures".

De plus, nos Sages indiquent aussi que le feu est la méthode la plus fondamentale de purification.

* * *

3. Pourquoi réciter par coeur les mots de la Torah?

On peut, à la synagogue et à la maison d'étude, dire les mots de la Torah par coeur ou bien les lire dans un livre.

En tout état de cause, ces mots doivent être prononcés oralement et nos Sages montrent l'importance d'une telle pratique.

A l'extérieur, par contre, dans les rues et, bien souvent, dans les magasins, la purification de l'air est particulièrement importante. Ces lieux ne sont pas ceux du repos et l'on n'y trouve pas de livres, que l'on pourrait lire. Chacun doit donc connaître par coeur quelques passages de la Torah qu'il pourra répéter, à tout moment et en tout lieu, chaque fois qu'il est possible de prononcer des mots de la Torah.

Nos Sages disent que "tu n'as pas le droit de réciter par coeur ce qui t'a été donné par écrit", bien que le Rambam ne retient pas ce principe pour la Hala'ha et que, selon certains, cette interdiction s'applique uniquement lorsqu'il s'agit d'acquitter d'autres personnes de leur obligation(...).

Le Choul'han Arou'h, en revanche, retient l'interdiction de réciter par coeur des passages de la Torah, sauf lorsque ceux-ci sont connus de tous.

Néanmoins, selon tous les avis, il est permis d'apprendre des passages de la Loi Orale.

4. Pourquoi précisément la Michna?

La Loi Orale a essentiellement pour but de déterminer la Hala'ha, bien qu'en outre, il soit parfois nécessaire de la prononcer oralement. Celui qui en récite un texte sans le comprendre n'est pas considéré comme ayant étudié la Torah. Ce n'est pas le cas de la Loi Ecrite et l'ignorant, appelé à la lecture de la Torah, en récite la bénédiction, bien qu'il n'en comprenne pas le sens.

Cependant, on distingue, au sein du Talmud, la Michna et les textes ultérieurs. Le Rambam, dans son introduction à la Michna, dit: "La Michna est rédigée de manière concise et elle présente de nombreux concepts. La Boraïta n'est pas aussi synthétique que la Michna et les textes ultérieurs ont pour but de détailler la Michna". Son analyse, que l'on consultera, est très détaillée.

Il en résulte que le caractère essentiel de la Michna est sa précision et les mots qui la constituent, bien qu'il soit également nécessaire de la comprendre. La Michna inclut en elle tous les concepts définis par la Boraïta. Et, dans le traité Taanit, Ilfa rapporte que tout l'enseignement de Rabbi 'Hya et de Rabbi Ochaya découle uniquement de la Michna. Bien plus, dit le Yerouchalmi, "De nombreuses Hala'hot furent données à Moché sur le mont Sinaï et toutes furent incluses dans la Michna". Et la seconde partie du Talmud n'est que le commentaire de la Michna, dont elle explique les affirmation et les raisons.

Aussi, si l'on désire apprendre la Loi Orale par coeur pour purifier l'atmosphère, il est clair que la Michna est plus adaptée que la Guemara. Dans la première, chaque mot est important, alors que dans la seconde, il faut en comprendre et en retenir seulement le raisonnement.

5. Pourquoi tout cela est-il particulièrement important à notre époque?

En ces générations du talon du Machia'h, alors que s'approche la date de notre délivrance, la Michna reçoit une importance particulière et nos Sages soulignent que "l'on est libéré de tous ces exils uniquement par le mérite de la Michna".

Nos Sages, en particulier le Ari Zal, disent que "lorsque l'on condamne un homme au Guéhénom, on fait appel à chaque tribu pour le sauver, mais nul ne répond. Puis, vient celle d'Acher qui lui demande si, de son vivant, il a étudié la Michna(12). S'il répond par l'affirmative, il est immédiatement libéré du Guéhénom, par le mérite de cette Michna".

Il est clair que le Guéhénom et l'exil sont directement liés et même interchangeables. Nos Sages disent que D.ieu demanda à Avraham: "Préfères-tu que tes descendants soient envoyés au Guéhénom ou qu'ils soient assujettis par les nations?". Le Zohar fait la même affirmation et indique que ce qui peut sauver de l'un peut aussi sauver de l'autre.

Ce qui vient d'être dit peut être précisé d'après la partie révélée de la Torah(13). Pourquoi est-ce précisément la Michna qui provoquera le rassemblement des exilés? Parce qu'il faut, au préalable, supprimer et transformer ce qui a provoqué l'exil. Et nos Sages nous ont enseigné que le second Temple fut détruit du fait de la haine gratuite. L'exil fut donc infligé à l'époque, "mesure pour mesure". Les Juifs ne pouvaient s'entendre et ils se trouvèrent donc "disséminés et éparpillés parmi les nations".

De plus, la délivrance de l'exil de Bavel ne fut pas entière. Ce qui avait causé la destruction du premier Temple n'avait donc pas été entièrement supprimé. Or, cette raison était, selon nos Sages, la suivante: on étudiait la Torah sans réciter, au préalable, la bénédiction. Ainsi, selon Rabbénou Nissim, on l'apprenait en permanence, mais D.ieu, Qui sonde les coeurs, constata qu'on ne lui accordait pas toute son importance, que l'on n'était pas réellement désintéressé. Dès lors, la terre fut perdue et le Temple, détruit.

Pour mériter la délivrance, les Juifs doivent donc prononcer la bénédiction de la Torah, lui accorder toute son importance et réaliser l'unité au sein du peuple, en rejeter la haine gratuite. Et ces deux conditions sont remplies par l'étude de la Michna.

La Torah compte trois parties, Loi Ecrite, Michna, Guemara. Pour ce qui est de la Loi Ecrite, l'unité constitue une évidence. Il ne peut en être autrement puisqu'elle ne permet pas de déterminer la Hala'ha concrètement applicable. De même, sa compréhension n'introduit aucune différence entre les hommes, comme nous l'avons vu. Celui qui est appelé à la Torah peut donc toujours en réciter la bénédiction. Il suffit de se souvenir de la Parole de D.ieu, bien souvent introduite, dans la Loi Ecrite, par les versets "et D.ieu dit", "et D.ieu parla"(14).

De plus, la Loi Ecrite ne convient pas à notre propos, car elle n'exprime pas assez clairement la différence entre Israël et les autres nations. Nos Sages remarquent que les Saducéens la reconnaissent, alors qu'ils nient la Loi Orale.

De même, la Guemara est un approfondissement de la Michna, permettant de la comprendre. Chacun mûrit son étude en fonction de ses possibilités intellectuelles et mène sa propre analyse. A première vue, l'unité entre tous ceux qui expriment des avis différents n'apparaît pas clairement. Bien plus, le traité Kiddouchin dit que les Sages, au début de la discussion, apparaissent comme des ennemis et c'est seulement à l'issue de celle-ci que la paix règne entre eux. Puis, la Hala'ha est tranchée lorsque tous sont d'accord et, dès lors, elle est exprimée par la Michna.

Et le but de l'étude est de parvenir à la compréhension et non de recevoir uniquement la tradition.

La Michna diffère des deux autres parties constitutives de la Torah parce qu'elle énonce la Hala'ha, concrètement applicable. Elle doit être comprise et tous adoptent ses conclusions, que nul ne remet en cause. Aucune erreur n'est donc possible, à son propos(15).

Lorsque tous les Juifs, malgré leurs caractères différents, acceptent la même Hala'ha, ils font la preuve que D.ieu nous a donné Sa Torah, une Torah unique pour Israël, peuple unique. Bien plus, les Sages de la Michna "ne tranchèrent pas la Loi selon leur analyse intellectuelle, mais en fonction de ce que leur rapportait la tradition, d'une génération à l'autre, depuis Moché", selon les termes de l'Admour Hazaken.

* * *

Que D.ieu nous donne le mérite d'assister, très bientôt et de nos jours, au rassemblement des exilés par notre juste Machia'h, duquel il est dit "l'esprit se posera sur lui... et l'on sentira la crainte de D.ieu". Nos Sages disent que ce que l'on sentira apportera la certitude de sa venue.

Notes

(1) Cette lettre est adressée au Rav Mena'hem Zeev Gringlass, de Montréal. Elle est annoncée à la fin de la lettre précédente, à laquelle elle fut jointe.
(2) Le Rabbi note, en bas de page: "Nos Sages enseignent que la flagellation est infligée à celui qui fait le voeu de ne pas dormir pendant trois jours. Il peut, cependant, dormir aussitôt, son voeu étant sans valeur. Mais, on ne peut en déduire que l'existence de l'homme dépende également de son sommeil, qui n'aurait donc pas seulement pour but de rendre possible l'alimentation et la respiration. Nos Sages soulignent uniquement que, par nature, un homme ne peut passer trois jours sans dormir. Pour autant, ce n'est pas une condition indispensable à sa vie. De fait, le sommeil est le contraire de l'alimentation. En effet, celui qui jure de ne pas s'alimenter pendant sept jours sera puni de flagellation et pourra manger immédiatement. Néanmoins, il en est ainsi seulement parce qu'il est obligé de manger, faute de quoi il mourrait, mais n'a pas pour conséquence de le forcer à manger, contre son gré. Et, le Yerouchalmi, s'opposant à ce qui vient d'être dit, considère, de ce fait que celui qui fait le voeu de ne pas manger pendant sept jours doit effectivement tenir son engagement, mais constate qu'il n'y parviendra pas, à la différence du voeu de ne pas dormir, lequel est une impossibilité(...). Le Pirkeï de Rabbi Eliézer, par contre, définit le sommeil comme "nourriture, guérison et vitalité" de l'homme et le Midrach Tehilim dit que "l'ouvrier effectue son travail tout au long du jour et se trouve fatigué, le soir. Puis, le lendemain matin, il est telle une créature nouvelle". Pour autant, le sommeil est différent de l'alimentation et de la respiration. Entraînant l'impossibilité d'agir, il est bien, pour l'homme, un temps stérile."
(3) Le Rabbi note, en bas de page: "C'est la raison pour laquelle, disent nos Sages, un homme doit remercier D.ieu pour chaque respiration, ce qui peut être comparé à la bénédiction que l'on récite avant de manger et de boire".
(4) Le Rabbi note, en bas de page: "Selon le Likouteï Torah, c'est pour cette même raison qu'il y a deux cavités dans le coeur".
(5) Mangeant de tout, à n'importe quel moment.
(6) Le Rabbi note, en bas de page: "Une explication de nos Sages parle de six jours et non de sept".
(7) De manière permise, car l'envie d'une femme enceinte doit être satisfaite.
(8) Le Rabbi note, en bas de page: "Selon le Yerouchalmi, elle passa devant un lieu de culte idolâtre et sentit l'odeur des sacrifices qui y étaient offerts. C'est ainsi que naquit «l'autre». On peut donc l'interpréter comme une punition. Néanmoins, les Tossafot ont une autre version de ce texte du Yerouchalmi, écartant l'éventualité de la punition".
(9) Le Rabbi note, en bas de page: "On peut s'interroger sur l'affirmation de l'Admour Hazaken, selon laquelle celui qui consomme, du fait du danger, un aliment interdit, doit le considérer comme rigoureusement permis. Néanmoins, dans plusieurs versions, le mot «rigoureusement» n'apparaît pas".
(10) Le Rabbi note, en bas de page: "Nous venons de voir que la mauvaise nature suscitée en l'homme par l'aliment interdit est une situation naturelle, même si celui-ci n'est pas intrinsèquement interdit, mais consacré à l'idolâtrie, comme ce fut le cas pour la mère de «l'autre». En effet, les Décisionnaires ne font aucune distinction entre les causes d'interdiction et le fait qu'il y ait un danger ne modifie pas foncièrement la situation. La Hala'ha précise qu'une femme ayant consommé un aliment interdit, même de manière permise, ne doit pas allaiter son enfant. De même, on ne peut faire aucune distinction entre l'interdiction de l'idolâtrie, qui est très grave et celle de manger du porc, par exemple. Or, si une nourriture idolâtre, qui est rendue interdite par l'intention de l'homme qui la consacre à cette destination, peut susciter des défauts de la personnalité, même lorsqu'elle est consommée de manière permise, combien plus est-ce le cas pour de la viande de porc qui, par nature, est interdite."
(11) Le Rabbi note, en bas de page: "On peut en citer plusieurs sortes d'exemples. A) Il y a tout d'abord ce qui est accompli par la pensée, sans intervention de la parole et de l'action. Ainsi, une pensée suffit à consacrer un animal au Temple, bien que Rachi et les Tossafot parlent de sanctification verbale. De même, les prélèvements agricoles peuvent être effectués par la pensée et, pour preuve, le Talmud précise qu'un muet peut également en être l'auteur. B) La pensée peut aussi n'avoir une valeur qu'en étant accompagnée par l'action. Ainsi, celui qui effectue des sacrifices doit penser à ce qu'il est en train de faire. Cette pensée doit, bien sûr, lui venir au moment du service. C) Parfois, la combinaison de la pensée et de l'action peut être nécessaire. Mais, seule l'absence de l'action entraînera la flagellation. En pareil cas, la pensée de l'un ne peut compléter l'action de l'autre, car rien ne les relie. C'est, par exemple, le cas lorsque deux espèces, plantées par deux personnes, se mélangent, dans la vigne. De même, un objet ne peut contracter l'impureté que d'après la pensée de son propriétaire. Et un prélèvement agricole pratiqué sur ce qui appartient a quelqu'un d'autre, est sans valeur, même s'il est réalisé par la parole et par l'action. A l'opposé, la pensée pour le sacrifice doit être celle de la personne qui l'effectue et non celle de son propriétaire. D) Parfois, l'action seule est suffisante mais elle est valable uniquement si elle est accompagnée par la pensée. C'est le cas lorsque l'intention doit déterminer l'acte ou quand doit être prouvée la conscience, lors d'une faute accomplie délibérément. La pensée, par elle-même, n'accomplit rien, mais elle doit accompagner l'action et peut donc compléter celle de quelqu'un d'autre. Ainsi, lorsque quelqu'un humecte un aliment pour qu'il puisse contracter l'impureté ou bien effectue le sacrifice de la vache rousse, on devra prendre en compte la pensée de celui qui verse le liquide ou effectue le sacrifice et non celle du propriétaire de l'aliment ou de la vache. On pourrait développer cette analyse et se demander dans quelle catégorie chaque cas doit être inscrit, mais ce n'est pas l'occasion de le faire. De plus, les voeux relatifs aux sacrifices et les Mitsvot liées à la pensée ne concernent pas notre propos, puisque de telles pensées n'agissent pas sur l'environnement de l'homme."
(12) Le Rabbi note, en bas de page: "Pourquoi la Michna est-elle précisément liée à la tribu d'Acher? Parce que la précision et la concision de la Loi Orale se marquent essentiellement dans la Michna, comme on l'a vu. Or, disent nos Sages, l'huile d'olive permet de se remémorer l'étude de la Torah menée pendant soixante dix ans. Et cette huile est précisément la bénédiction que reçut la tribu d'Acher. Les olives poussent dans la partie d'Erets Israël qui lui a été confiée et nos Sages disent que l'huile s'en écoule, comme si elle émanait d'une source. Nos Sages disent, en outre: "La partie grasse de la terre fait allusion à la Michna"."
(13) Le Rabbi note, en bas de page: "L'explication de la 'Hassidout est donnée par le Torah Or et le Likouteï Torah".
(14) Que tous comprennent.
(15) Le Rabbi note, en bas de page: "De nos jours, les décisions des Gaonim sont également partie intégrante de la Michna, en de nombreux points et l'on peut se demander si c'est également le cas pour ce qui fait l'objet de notre propos".