Lettre n° 118

Par la grâce de D.ieu,
Vendredi 20 Kislev 5704,

Au distingué jeune homme, le Rav Meïr Greenberg,

Je vous salue et vous bénis,

Vous m'avez invité à votre mariage, qui sera célébré en un moment bon et fructueux. En réponse, je vous exprime ma bénédiction, une bénédiction de Mazal Tov, Mazal Tov. Vous bâtirez un foyer juif, basé sur la Torah et les Mitsvot.

Il est clair que l'âme, lorsqu'elle s'introduit dans le corps, n'a nul besoin d'être transformée. Elle doit apporter l'élévation à ce corps, à l'âme animale et à la partie du monde qui lui est confiée, comme l'explique le chapitre 17 du Tanya. Torah est de la même étymologie que Horaa, enseignement. De fait, la Torah est le guide permettant d'obtenir un tel résultat, lorsque l'on met en pratique la Torah et les Mitsvot, qui ont toutes pour but d'apporter l'élévation à l'âme animale.

Voulant assumer son rôle de transformer la matière, l'homme est confronté à une difficulté que nos Sages exposent en ces termes: "Il apporte du blé à la maison. Peut-il le consommer en l'état?". Il a donc besoin "d'une aide, face à lui", c'est-à-dire d'une épouse.

Chacun doit se marier, selon les différentes étapes énoncées dans la Michna. A cinq ans, on commence l'étude de la Torah, puis l'on accède à la Michna et au Talmud. Ensuite, on se marie, à dix huit ans, de sorte que, lorsque l'on a vingt ans, on est en âge de gagner sa vie, c'est-à-dire de s'imposer "un immense effort", selon l'expression de l'Admour Hazaken, dans son Choul'han Arou'h, afin de pouvoir transformer ce monde matériel.

En effet, la 'Hassidout explique que celui qui a subi une telle préparation est enfin parvenu à la perfection. Il peut donc mener une "activité commerciale". Il doit, pour cela, avoir étudié le Talmud pendant cinq ans(1), comme le dit l'Admour Hazaken, au troisième chapitre de ses Lois de l'étude de la Torah.

Certes, le texte parle ici de deux ou trois ans. C'est qu'il établit le compte à partir de l'extrémité des années(2). En effet, il y a deux avis sur l'âge de dix huit ans. Selon les Tossafot, il correspond à la fin de la dix huitième année et, selon le Rambam, à son début.

Mais, avant cela, nos Sages disent que l'on accède, à treize ans, à la pratique des Mitsvot et c'est alors le début du service de D.ieu. Toutefois, celui-ci ne concerne alors que le corps et l'âme animale. Il ne permet pas encore de transformer le monde matériel, ainsi qu'il est dit "Je le chasserai peu à peu"(3).

Tel n'est toutefois pas le but essentiel des Mitsvot. Ce n'est donc pas la meilleure façon de les mettre en pratique. C'est pour cela que le Choul'han Arou'h dit: "Celui qui se marie dès l'âge de treize ans agit bien". Bien plus, selon Rachi, il peut déjà le faire un an avant(4), lorsque les voeux qu'il prononce sont valables, d'après la Torah.

Le mariage permet d'avoir des enfants et de révéler le caractère infini de D.ieu dans le monde. Il en est de même dans la dimension spirituelle dont la finalité est également de mettre en évidence le caractère infini de D.ieu au sein de la création. Cela est possible grâce à l'accomplissement des Mitsvot qui, de ce point de vue, dépassent l'étude de la Torah et sont comparées à des cheveux(5).

Or, les Juifs, grâce aux efforts qu'ils réalisent, révèlent tout cela dans la Torah, qu'ils relient à sa source première. Bien plus, les plus élevés d'entre eux en ont une perception qui transcende les stades d'occultation qu'impose la création. Ainsi, il est dit de Rabbi Meïr qu'il avait une vision plus élevée, comme l'explique le Likouteï Torah.

Avec ma bénédiction de Mazal Tov, de Techouva immédiate et de délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif

Notes

(1) C'est-à-dire de quinze à vingt ans.
(2) Au tout début ou à la conclusion véritable de chaque année, conduisant à ne pas la compter du tout ou bien à la compter entièrement.
(3) Le penchant vers le mal.
(4) Soit à l'âge de douze ans.
(5) Qui, par l'intermédiaire de la boite crânienne, se rattachent directement au cerveau, dont ils reçoivent la vitalité.