Lettre n° 108

Par la grâce de D.ieu,
Mardi de la Parchat Lé'h Lé'ha 5704,

Au remarquable jeune homme, le Rav Tsvi Shusterman,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à l'invitation que vous m'avez envoyée pour votre mariage, qui aura lieu en un moment bon et fructueux. Celle-ci m'est parvenue avec retard.

Je vous adresse ma bénédiction, une bénédiction de Mazal Tov, Mazal Tov. Vous bâtirez un foyer juif, basé sur la Torah et son enseignement profond, de même que sur les Mitsvot.

Un rapprochement peut sans doute être fait entre les mots 'Hatouna, le mariage, 'Hatan, le marié et Na'hout Darga, celui qui descend de niveau, comme le disent nos Sages. Il est expliqué, dans différents textes, et en particulier dans une lettre de mon beau-père, le Rabbi Chlita, reproduite dans le recueil Hayom Yom, à la page 78 que le verset "lorsque tu marcheras sur le chemin" fait allusion à la descente de l'âme ici-bas et à son avancement dans le monde, jusqu'à l'âge de la vieillesse.

Cet avancement doit répondre à deux caractéristiques. D'une part, il doit permettre d'aller de l'avant. D'autre part, il doit indiquer dans quelle direction il convient d'avancer. Mais, concrètement, l'avancement est obtenu par le corps. Et l'âme ne fait que lui indiquer le droit chemin.

Nos Sages, pour décrire l'âme et le corps, donnent l'image d'un boiteux(1) et d'un aveugle(2). L'âme peut suppléer au manque de l'aveugle et le corps, à celui du boiteux. L'un et l'autre sont également appelés homme et femme. L'union entre eux est possible dans ce monde qui, de ce fait, est qualifié de Hilloula, "mariage", selon l'expression du Zohar. L'avancement en résulte, le but étant d'acquérir l'amour et la crainte de D.ieu, les ailes(3), de mettre en pratique la Torah et les Mitsvot.

Néanmoins, on pourrait s'interroger sur ce qui vient d'être dit. Dans le Midrach, nos Sages font mention de trois éléments qui sont diminués par le voyage. D'une part, celui-ci réduit la renommée, c'est-à-dire le nombre des Mitsvot que l'on peut accomplir. De plus, il appauvrit. Or, l'or et l'argent font allusion à l'amour et à la crainte de D.ieu. Ainsi, même le Juste parfait ne parviendra pas à s'attacher à D.ieu ici-bas, comme le faisait son âme, lorsqu'elle se trouvait là-haut. Enfin, le voyage réduit le nombre des enfants, ce qui correspond à une restriction de l'étude de la Torah, à une diminution du nombre des disciples. De fait, le monde soulève différents obstacles à la pratique de la Torah et des Mitsvot.

C'est ainsi que le Midrach interprète la bénédiction que le Saint béni soit-Il accorda à Avraham, qui symbolise l'âme juive. D.ieu lui dit "va-t-en de ton pays" et lui donna l'assurance que, de cette manière, il acquerrait la renommée, serait riche et aurait des enfants.

En effet, un homme essuie, chaque jour, les attaques de son mauvais penchant et, si D.ieu ne lui venait pas en aide, il ne pourrait pas lui résister. C'est précisément la bénédiction qui lui apporte cette aide. Vous consulterez, à ce propos, le Kountrass Oumayan 13, 2 et 14, 1, qui expose toutes ces idées.

Ainsi, c'est uniquement en s'introduisant dans un corps que l'âme peut aimer D.ieu "de tout ton pouvoir", c'est-à-dire "de tout ton argent". De même, les Mitsvot, correspondant à la renommée, sont accomplies au moyen d'objets matériels. Et nos Sages disent: "Heureux celui qui arrive ici en ayant acquis la Torah" qu'il a étudié précisément dans ce monde matériel et qui fait allusion à la naissance des enfants.

Ces trois points constituent le sommet de l'élévation, dans l'avancement sur le chemin de la vie. Car, la plus haute unification pouvant être réalisée avec D.ieu est possible grâce à la Torah et aux Mitsvot. Et l'amour et la crainte de D.ieu en sont les ailes, comme l'explique le Tanya.

Néanmoins, les Mitsvot ne réalisent que les fiançailles et le mariage proprement dit est accompli par la Torah, pour laquelle ce monde fut créé. En effet, le désordre ne doit pas y régner et il doit, bien au contraire, être civilisé(4).

Lorsque cet avancement sur le chemin de la vie se passe dans un contexte d'exil, on doit savoir que D.ieu est également présent dans cet exil. Dès lors, le quitter devient l'objectif premier, ce qui est possible grâce à la Techouva. Ainsi, tout comme la descente dans ce monde fut vertigineuse, l'élévation peut l'être également et ce que cela signifie pour le service de D.ieu est bien clair. C'est à ce propos qu'il est dit "enfuis-toi, mon bien-aimé et sois comme le cerf"(5). Le Torah Or explique tout cela très clairement.

Avec ma bénédiction de Mazal Tov, de Techouva immédiate et de délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(6)

Notes

(1) Qui évoque l'âme, capable d'indiquer le chemin, mais non d'avancer.
(2) Qui évoque le corps, capable d'avancer, mais non d'indiquer le chemin.
(3) De l'oiseau, grâce auxquelles les bonnes actions réalisées ici-bas "s'envolent" pour s'intégrer aux sphères célestes.
(4) Ce qui est possible grâce à l'étude de la Torah.
(5) En hébreu, Tsvi, prénom du destinataire de la lettre.
(6) De Ma'hané Israël.